Bernard ROBIN, secrétaire de section


Manifestation du 22 avril 2018 à Paris



Manifestation du 22 avril 2018 à Paris




Assemblée générale 2017
Section de Paris
Introduction par Bernard Robin


Notre dernière Assemblée Générale, qui s’est tenue en mai 2016 , avait dressé un bilan assez sombre de l’environnement international et notamment français , ainsi qu’une analyse critique de la situation des retraités dans notre pays.
Depuis un an la situation s’est aggravée pour les citoyens des pays évolués avec les élections de présidents conservateur, notamment aux USA, remettant en cause les accords sur le climat ainsi que les progrès des dernières décennies dans le domaine sociétal .
En France l’élection d’un néo-libéral remet en cause les fondements même de la société française bâtis sur les conquêtes sociales initiées dès le milieu du 19eme siècle.

Situation générale
Tendance générale :
Aggravation des relations internationales avec l’élection de Trump qui remet en cause les accords passés par Obama avec certains pays(Cuba, Iran) , alimente une stratégie de tension avec la Corée du Nord, tente de détruire le système de santé qui a permis à des millions d’américains pauvres de se soigner (Obamacare) , nie le réchauffement climatique et autorise la poursuite de l’exploitation des énergies fossiles, remet en question les acquis sociétaux (IVG, Libertés publiques, Liberté de la presse) ,
Décrédibilisassion des institutions internationales (ONU, CPI, FMI, Commission Européenne) incapables d’agir sur les grands sujets du monde, comme la relance de l’économie, l’immigration, la sécurité , la paix, le réchauffement climatique …
En Europe on assiste à la poursuite des politiques néo-libérale imposées par l’Allemagne et la Commission européenne, à une faible croissance due à la stagnation des salaires , de l’investissement, et une stabilisation du chômage masquant la montée des contrats à faible salaires. Dans la majorité des pays ou des élections ont eu lieu , on a assisté à la montée des partis d’extrême droite un peu partout remettant en cause la construction Européenne. Au Royaume uni la sortie de l’UE à une faible majorité , est un exemple qui pourrait s’étendre à d’autres nations. Dans ce contexte on constate un recul général de la démocratie avec la non consultation des peuples pour les accords passés par la Commission européenne comme le CETA (Canada) ou le Tafta gelé suite à la mobilisation citoyenne, non consultation sur les grands sujets de sécurité sanitaire comme le glyphosate, les fusions de méga société comme Monsanto et Bayer .
La pression citoyenne, via les réseaux sociaux relayant les partis politiques citoyens , permettent de freiner la politique libérale européenne , avec le gel des négociations sur le TAFTA, la suspension de décisions sur le glyphosate , un début de restriction du lobbying au sein des instances européennes…

En France
Bilan Hollande :
Elu sur un programme de gauche avec une large participation du peuple de gauche, F.Hollande disposait de tous les leviers institutionnels pour engager une inflexion de la politique libérale de son prédécesseur. Cinq ans après le bilan est très négatif pour les français, qui lors des élections intermédiaires ont donné une majorité au Sénat et dans les communes à la droite sur un fond d’abstention de plus en plus important. De plus lors des élections qui ont suivi le parti politique du président sortant s’est effrondré/disloqué au profit du candidat libéral qui lui a succédé avec une désaffection de ses représentants au profit du futur président.
Economie : les années Hollande se sont traduites par la mise en œuvre d’une politique libérale avec l’assentiment des partis socialiste et écologiste : mesures d’austérité pour réduire le déficit budgétaire en grande partie lié à l’évasion fiscale , mesures d’allégement fiscal pour les entreprises censées embaucher 1 million de salariés (CICE, qui au final suite bilan officiel n’a eu aucun impact sur l’emploi) , poursuite du chômage, désindustrialisation sur fond d’abandon de l’Etat(Alsthom énergie, Chantiers navals, Alsthom transport) , pression fiscale continue sur les salariés et les retraités avec blocage de la revalorisation des pensions, et pour finir une remise en cause profonde du Droit du travail sur pression Européenne et bancaire pour précariser les parcours professionnels, ceci avec l’aval des syndicats réformistes.
Un indicateur qui traduit la politique sociale menée sous le quinquennat Hollande , le taux de pauvreté n’a pas baissé, se stabilisant à 14,2% de la population, soit 9 millions de personnes dont 1 million de pauvres supplémentaires par rapport à 2008, 1 pauvre sur 2 a moins de 30 ans, et 20% des pauvres ont un emploi qui ne leur permet pas de vivre décemment.

Libertés : avec la montée du terrorisme islamique et des attentats la France s’est enfermée dans l’état d’urgence permanent pendant plusieurs années sans pour autant l’éradiquer. Les atteintes aux libertés se sont accélérées notamment dans le domaine des luttes syndicales ou les délégués, la plupart du temps CGT, ont été condamnés à des peines très lourdes alors que dans le même temps la justice blanchissait les forces de l’ordre coupables de violences et parfois de meurtres. On a assisté dans la même période à la poursuite des lanceurs d’alerte dénonçant les graves comportements d’entreprises ou de banques, à l’augmentation des poursuites des employeurs contre les médecins du travail , doublement entre 2011 et 2015 , avec ces plaintes, les employeurs mettent sous pression les médecins du travail pour les empêcher d’exercer dans le seul intérêt de la santé des salariés-patients, et de pouvoir imposer des changements de poste, d’organisation ou d’environnement de travail. Sans parler des procès à rallonge des personnalités politiques dont le jugement est reporté « sine die ».
Les luttes :
L’opposition à la loi dite « El Khomri » de restructuration du droit du travail, directement inspirée des orientations du MEDEF, a été l’occasion d’importantes manifestations, parfois violentes , qui n’ont pas été suffisantes pour empêcher son adoption par la majorité de l’époque, il est vrai en utilisant l’article 49-3 à plusieurs reprises.
Le contexte actuel :
La politique menée par la nouvelle majorité, composée de personnalités de droite libérale et de quelques transfuges socialistes et écologistes s’inspire des principes néo-libéraux de désengagement de l’Etat, de privatisation des services publics , de destruction accélérée des acquis du CNR dans les domaines de la santé, de l’éducation , et du droit du travail. Le but étant de privilégier les entreprises et le capital en éliminant toutes les barrières légales et fiscales avec des orientations budgétaires ciblées et injustes touchant les catégories sociales les plus défavorisées dont les jeunes bénéficiant des APL ou les retraités avec l’augmentation de la CSG qui réduit le pouvoir d’achat de millions d’entre eux, alors que dans le même temps l’ISF sera limité aux biens immobiliers et que les taxes sur les bénéfices des sociétés seront réduites au minimum.
Le début de taxation des transactions financières étant définitivement abandonné.
C’est une véritable refondation de la société française qui est en cours, restaurant les idéaux libéraux du 19eme siècle au profit de la finance et des grands groupes industriels transnationaux. Avec l’objectif de transformer l’épargne des français en actions .
Ceci malgré une opposition très large des français, et une élection ou le programme du président n’avait recueilli que 20% de l’électorat …
Pour faciliter la mise en œuvre de cette politique, outre les ordonnances qui ont permis une accélération du processus de mise en application de la loi, la France a adoptée dans le silence général la treizième loi antiterroriste en quinze ans. Celle-ci inscrivant dans notre droit quotidien les dispositifs d’exception de l’état d’urgence. Qui a bougé ? Les ONG, associations et autorités indépendantes ont noté d’une même voix – ce qui est rare – combien ces dispositions étaient attentatoires à nos droits fondamentaux. L’ONU s’en est inquiété, pour le reste, rien, silence radio : le texte a été adopté à une écrasante majorité.



Macron cible les seniors….
Le nouvel exécutif considère que les retraités sont des « nantis » et doivent payer pour assurer une solidarité intergénérationnelle, ignorant que d’une part ces derniers assurent très souvent cette solidarité en aidant les générations suivantes à passer les moments difficiles de la vie et d’autre part que le revenu moyen des pensions s’établissait en 2015 à 1322€ ( 1660€ pour les hommes, 1007€ pour les femmes) selon l’INSEE , et que 550 000 retraités bénéficiaient d’une allocation minimum vieillesse (803€ par mois).
En décidant de réduire de 1,7% les pensions de 10 millions de retraités (sur 16 millions) avec l’augmentation de CSG à partir de janvier 2018 , pour compenser les cotisations chômage et maladie des actifs (et des patrons) le gouvernement prend d’une main pour donner avec l’autre sans que cela lui coute un Euro. Ensuite faire payer les retraités , qui ont cotisé toute leur carrière , pour le chômage est une escroquerie puisqu’étant retraité ils ne peuvent être chômeur !
Dans le même temps la presse se félicitait des performances des entreprises du CAC40 annonçant des profits records estimé à 51,6 milliard € sur le 1er semestre, en augmentation de 25%. Le montant total des 10 plus grandes fortunes françaises a été multiplié par 12 entre 1996 et 2016 alors que sur la même période le PIB n’a pas été multiplié par 2..ce qui prouve que les profits ne bénéficient pas à l’investissement, donc pas à l’emploi. Pour illustrer par l’exemple Mr Gattaz , président du MEDEF, a distribué le montant du CICE (plusieurs millions €) à ses actionnaires plutôt que d’investir en R&D et en emploi !

Les convergences avec le syndicalisme des actifs
Les politiques menées en direction du salariat et des retraités, précarisation d’un côté et paupérisation de l’autre, font converger les revendications des deux populations.
a. La remise en cause d’une carrière professionnelle continue, contenue dans les lois de refonte du Droit du travail, aura des impacts négatifs sur le salaire moyen et donc sur les cotisations retraites, sachant que les fins de carrière seront plus difficiles qu’auparavant. Même l’allongement de l’âge de départ à la retraite ne résoudra pas les difficultés financières des caisses de retraite du fait de la démographie et de l’évolution du marché du travail sous tension avec la mise en œuvre des nouvelles technologies dans le cadre d’une maximisation du profit.
La refonte du droit du travail à terme menacera le montant des retraites car il pèsera sur l’emploi et le montant des salaires puisque le moins disant sera souvent la règle.
b. Sur un sujet comme le transfert des cotisations sociales vers la CSG qui concerne plus durement les retraités, avec l’augmentation de 1,7%, c’est une remise en cause fondamentale de notre système de protection sociale avec la fragilisation organisée de la Sécurité sociale induisant une baisse de la qualité de service et une élévation des couts.
c. Concernant les Mutuelles, les orientations européennes vont en limiter l’exercice au profit des assurances avec au final un cout plus élevé pour le même périmètre de couverture.
d. La récente attaque contre les GPs via une maximisation du remplissage inspirée de ce qui est pratiqué chez American Airlines a mobilisé les actifs, mais concernait de fait autant les retraités.
Par ailleurs d’autres domaines revendicatifs, à la marge des revendications classiques, nous interpellent plus spécifiquement comme la fracture numérique qui exclut de fait des millions de retraités, l’isolement de centaines de milliers de retraités….
Néanmoins il est à noter que dans les 2 dernières années, les manifestations syndicales unitaires de retraités ont été de beaux succès avec une participation croissante, l’appui de la population, et une assez bonne couverture médiatique.
Il est à noter que lors de cette mandature, sauf erreur de ma part, il n’y a pas eu de démarche de l’UCR-CGT, pour que le syndicalisme retraité soit reconnu à part entiére…
La continuité syndicale
Les difficultés à renforcer nos effectifs sont de même nature que celle rencontrée par le syndicat des actifs, et le syndicalisme dans son ensemble : quasi impossibilité à mener des luttes victorieuses, synergie Gouvernement/Patronat, perte de lien avec l’entreprise, perte de sens du travail, individualisation des comportements, complexification des situations revendicatives…
D’ici notre prochain Congrès ou l’actualisation de notre plateforme revendicative sera effectuée, nous avons au plus près de nos adhérents et sympathisants à porter les revendications de l’USRAF-CGT, et à les mobiliser lors des actions, rassemblements et manifestations qui seront initiés.